Raoul Reynolds. 
A name that clears your throat, catches your ear and ends up infiltrating your thoughts, a ricochet between the temples. If you have not heard of Raoul Reynolds, that comes as no surprise. Neither had we. The reason for this is that until now, neither a single historian nor art critic had ever addressed his work. In the shadows he remained, in silence, recalling the beliefs of certain Amazonian tribespeople who would never name the dead for fear of having them return to torment the living.
May the dead rest in peace. Here is a warning we did not heed. 

Raoul Reynolds. 
Many a time has this double-R rolled, tongues rattling in hypnotic undulation. As if summoning the dead, we have awoken a figure forgotten by Art History. There is History with a capital H - well delineated, the following of continuous, linear trajectories upon which most narratives tend to travel. But what remains of the other trajectories, and the small stories, anonymous destinies, blind courses where the “wrong” path is taken, shrouded in shadows and secrets? Raoul Reynolds was one whose many dark paths in life— despite ardent investigation — leave us with countless unanswered questions. 
How could this child, this spoiled brat of the upper-classes — a bourgeoisie who made his fortune from international maritime transport during the boom-times of the tobacco industry, hobnobbing with the intelligentsia in the warm comfort of the salon bourgeois, and no doubt intended for a place in the highest ranks of society and industry — drift astray into such a shadowy secret life? Was it, perhaps, as his work seems to attest, a combination of a uniquely fierce intelligence coupled with a love of risk, of deceit? 

Raoul Reynolds was a pedlar, a confidence trickster, a camelot of art, a storybook character thumbing his nose at History with a capital H as it speeds unforgivingly by, retaining only its handful of chosen ones to blacken its pages and fill up our libraries. 

Here, we are offered another experience: change the angle and look at the margin. As it is indeed a question of marginality, perhaps the time has come for a necessary focus upon his work (his fifteen minutes of glory as predicted by Andy Warhol). So let’s raise him up on to the pedestal to allow the sun to catch that mischievous glint in his eye, while we regain our child’s-eye perspective for a tender look at this anonymous, blurry figure, whose full and characterful life - rough diamond that he was - could very well have inspired Ian Fleming. 
Artist, his default role, he used as a cover for his life of secrets while creating works of art as if they were gateways that would enable him to cross through time. He would be beaten at his own game though, while furiously creating pieces with enough impertinence to assimilate and crystallise myriad 20th century artistic movements. Alternately a surrealist and a minimalist, he would overcome stylistic barriers and wear the most unexpected masks. It was more particularly at the end of his life, though, during exile, that he let himself indulge totally, undistractedly in art. 
What remains of his work? In this show we present a selection of works, or rather a retrospective of his work as we like to say, a set of works attributed to him, a hypothetical stack where our certainties sometimes give way to doubts, and doubts give way to stories fuelled by our own fantasies.
Raoul Reynolds. 
Un nom qui racle la gorge, qui vous accroche l’oreille et finira par pénétrer votre esprit. 
Tout comme nous, vous n’aviez très certainement encore jamais entendu parler de Raoul Reynolds. En effet, aucun historien ni même critique ne s’était encore penché sur son cas. Tapis dans l’ombre et le silence, il est resté tu, semblable aux croyances de certaines tribus amazoniennes qui se refusent à tout jamais à prononcer le nom d’un être défunt de crainte que l’âme de celui-ci ne se réveille et vienne vous tourmenter. 
Laissez en paix les disparus. Voici une mise en garde que nous n’aurons pas tenu. 

Raoul Reynolds. 
D’innombrable fois ce double R aura roulé et mêlé nos langues; les emportant valsantes dans d’hypnotiques mélodies. Fantôme revenu, nous avons réveillé ce personnage méconnu de l’histoire de l’Art. Il y a là, l’Histoire avec un grand H, celle dont nous cernons les contours, celle dont nous nous accordons à tracer les lignes continues. 
Mais que faisons-nous des autres, des petites histoires ? Des destins anonymes, des parcours boiteux qui n’ont pas su suivre le chemin et qui se sont réfugiés dans l’ombre du secret? Raoul Reynolds est l’un de ces destins obscurs qui, malgré nos investigations ardemment menées, nous laisse incertains et questionnés. 
Comment cet enfant, ce gosse de riche, appartenant à la bourgeoisie qui a fait fortune dans le transport maritime international à l’heure florissante de l’industrie du tabac et qui fréquentait toute l’intelligentsia de son époque dans le confort feutré des salons bourgeois; pourtant destiné aux hauts rangs, s’est-il laissé aller dans une vie de trouble et de secret ? 
Fallait- il avoir de l’esprit et aimer le frisson pour de telles histoires ? 
Camelot de l’Art et personnage romanesque, Raoul Reynolds fait le pied de nez à cette grande l’Histoire qui file à toute allure et qui ne retient qu’une poignée d’élus noircissant les pages et garnissant nos bibliothèques. 
Ici, il nous propose une autre expérience : changer d’angle et regarder la marge. Car il est bien question de marginalité et peut-être est-il temps de lui accorder ce regard. Alors tendons le marchepied lui permettant de se hisser à l’horizon, retrouvons nos yeux d’enfants et posons un tendre regard sur cette anonyme silhouette floue dont la vie toute entière, diamant brut, donnerait matière à Ian Fleming. 
Artiste par défaut, usant de ce statut comme d’une couverture, perché sur une vie de secret et façonnant des oeuvres d’Art comme on façonne des passerelles permettant de traverser les évènements, il se fera prendre à son propre jeu, prenant feu et flamme à produire des oeuvres avec toute l’impertinence nécessaire pour assimiler et cristalliser tous les courants du XXème siècle. Tantôt surréaliste, tantôt minimaliste, il fera tomber les barrières stylistiques, revêtant les masques les plus surprenants. C’est tout particulièrement à la fin de sa vie, exfiltré et exilé, qu’il s’autorisera et s’adonnera entièrement à l’Art. 
Que reste-il de son oeuvre ? 
Dans cette exposition il est question d’une sélection, que nous aimons nommer rétrospective, un ensemble d’oeuvres dont la paternité lui a été attribuée, un empilement hypothétique où nos certitudes laissent parfois place aux doutes et les doutes à d’autres fantaisies nourries de nos propres fantasmes.